26 octobre 2011
La saison taurine s’achève, celle du Club commence avec un peu de retard.
Pour nous retrouver, nous vous proposons, comme à l’habitude, de faire le bilan de cette saison particulièrement riche : férias françaises en demi-teinte malgré quelques belles faenas et quelques toros isolés, indulto d’un Cuvillo à Séville, coup d’éclat de Morante à Bilbao, demi-retour de José Tomas, explosion de I. Fandiño et de D. Mora, fin de partie à Barcelone, etc.
Pour exposer les faits et juger de leur sens, pour peser le pour et le contre, rien de mieux que de faire appel à un expert, un ami du Club, le directeur de la revue espagnole de référence, 6 toros 6,
José Carlos Arévalo
Le compte-rendu de Philippe Paschel
Ce n’est pas la première fois que José Carlos Arévalo nous fait l’honneur et l’amitié de venir présenter un bilan de la temporada. Il l’a fait en français, langue qu’il maîtrise mieux qu’il ne l’avoue, ce qui a permis un contact fervent avec les auditeurs et un débat animé.
Comme la mémoire est naturellement sélective, notre invité a conservé dix moments exceptionnels, dans une saison 2011 ambigüe, avec de grands moments artistiques et qui s’est déroulée dans un contexte de crise économique, avec une
mauvaise image médiatique.
1- El Juli à Séville : ce n’est pas une nouveauté, mais il a montré une capacité exceptionnelle d’obtenir des prestations inattendues du taureau.
2- Manzanares à Séville avec le Núñez del Cuvillo dont il a obtenu la grâce de la vie. Cela a été une faena extraordinaire, templée, un rare accouplement avec le taureau, qui tournait autour du toréro sans que l’on lui demande. Curieusement aucune photographie n’est valable, trop d’éléments venant du taureau.
3- Talavante à Las Ventas. D’abord face à un Ventorillo devant lequel il a montré sa face la plus classique, puis face à un Parladé, manso con casta, qu’il a récupéré dans le terrain des chiqueros, un toréo original.
5- José Tomas à Valence, face à un taureau impossible, a fait une faena d’une extraordinaire qualité, la muleta toujours en avant. C’est le retour à un toréo plus classique, avec cette innovation des manoletinas de face avec les jambes écartées. Il est le seul à remplir les arènes, quand les figures n’y réussissent pas.
6- Morante à Bilbao. Une faena absolument extraordinaire. Morante va à la rencontre du taureau pour résoudre les problèmes qui se présentent. Le taureau était âpre, il le plie avec la main droite avant de faire une grande faena, mais ce n’est qu’après avoir été chercher l’épée qu’il a fait de très belles séries de naturelles. Le taureau s’est enferré tout seul sur l’épée.
7- El Juli à Bayonne avec un taureau de Joselito a vécu une véritable épopée, avec une grosse bousculade due à un excès de confiance.
8- Perera à Bayonne dans son mano a mano avec Castella.
9 – La dernière féria de la Merced à Barcelone. Le samedi, trois grandes faenas dans des styles différents, et le dimanche José Tomas. Comme un manifeste pour nous montrer ce qu’était le toréo du XXIème siècle.
10- Talavante à Zaragoza. Cela a été bouleversant, impensable, une géométrie baroque. Il a passé par la porte ouverte par El Juli à Cantapájaros. On lui avait vu faire ce genre de toréo au Mexique, mais José Carlos pensait que cela serait impossible avec le taureau espagnol. Il reconnaît bien volontiers d’être trompé.
Il faut aussi relever les révélations de Fandiño, une oreille à chacune des quatre courses madrilènes, David Mora, qui a de la présence et est formidable dans la première partie de la suerte, mais n’a pas encore définit son style.
Diego Urdiales est un grand toréro mal aimé par les organisateurs. Avec les taureaux de Victorino, il a fait une faena de majesté, face à un taureau manso qui faisait semblant de ne pas l’être. Il lui a donné du temps pour se reprendre, puis en a exigé beaucoup. Magie de la faena, intelligence et art, il a le don du tracé du toréo. A la cape, il est parfait et évoque Pepe Luis Vázquez.
Perera et Castilla sont dans ce moment d’être des toréros en situation de figure, mais qui ne peuvent pas se contenter du succès et doivent s’améliorer, évoluer et surprendre. Ils ont fait des grandes faenas prévisibles. D’un point de vue artistique, ils sont arrêtés.
Daniel Luque a une extraordinaire capacité de provoquer le “olé”, soudainement dans le cours de la passe. Il rappelle Paco Camino.
Chez les novilleros, il faut s’intéresser à F. Adrian, David Galván, Conchi Ríos.
Beaucoup d’autres sujets ont été évoqués dans la conversation qui a suivi : opportunité pour les toréros d’aller à toréer à Quito, évolution des carrières de certains toréros, nature de la bravoure. Vous retrouverez facilement le détail de ces opinions dans les éditoriaux de José Carlos Arevalo ans la revue dont il est directeur, 6TOROS6.
Philippe Paschel