L’invitation
En tauromachie aussi, il y a des injustices. Ce n’est pas toujours le toro qui fait et défait les carrières, c’est parfois la mode ou le marché. Diego Urdiales est une victime de l’une ou de l’autre.
Voilà un torero au courage et au coup d’œil exceptionnels, sincère, technique, précis, émouvant, et qui est trop souvent oublié à l’heure des programmations. Après une alternative un peu improvisée le 15 août 1999 à Dax (Paco Ojeda et Manuel Díaz ‘El Cordobés’, toros de Puerta Hermanos) et quelques saisons honorables, il ne toréait pratiquement plus jusqu’à ce qu’un certain toro nommé « Molinito » de Victorino Martin, qu’il gracie sur ses terres de Logroño à la fin de la saison 2007, lui rouvre les portes de Madrid (où il triomphe en 2008) et le propulse parmi les meilleurs spécialistes de ce fer admiré et redouté.
En France, seul Dax lui est fidèle (Nîmes a attendu 2012 pour qu’il y « confirme son alternative » !) ; mais en Espagne, c’est surtout à Bilbao — qui lui offre désormais deux contrats lors de chaque semana grande — qu’il recueille chaque année les fruits de sa valeur, de son obstination et de son immense intelligence du combat des victorinos.
C’est pourquoi nous sommes fiers de recevoir
Diego Urdiales « le lion d’Arnedo »
Le compte rendu de la soirée
Près de 70 personnes étaient présentes le 26 novembre pour accueillir et écouter Diego Urdiales au club taurin de Paris. Jean Pierre Hédoin, le président, a rappelé tout le bien que les français pensent de ce torero et notamment tous les membres du club habitués de la feria de la Bilbao qui, cette année encore, ont été particulièrement émus par la faena de Diego face aux Victorinos.
Diego Urdiales, de son côté, a remercié chaleureusement les membres du club présents et a dit sa fierté d’être reçu dans la capitale française dans laquelle il a visiblement beaucoup de plaisir à venir. Avec beaucoup de sensibilité il a évoqué sa carrière, initiée dans sa ville d’Arnedo – que tous les novilleros connaissent bien grâce à son prestigieux trophée de la « zapata de oro », référence à l’industrie du cuir et de la chaussure qui fait vivre la ville. Entouré du milieu taurin local et encouragé par sa famille, son grand père, son père et son frère particulièrement, Diego n’a cessé de lutter pour toréer. Il s’habille de lumière pour la première fois en 1988, tue sa première piquée en 1992 et doit ensuite faire 7 longues années d’apprentissage pour, enfin, prendre l’alternative à Dax en 1999.
Il accomplit alors son premier rêve : avoir comme parrain un Paco Ojeda qu’il admire et El Cordobes comme témoin. Mais les toros, eux, ne permettent pas un triomphe qui aurait pu donner de l’élan à sa carrière.
Suivent, encore, des années difficiles, faites d’opportunités réussies, comme à Logroño qui lui restera fidèle tout au long de sa carrière, et dans laquelle il triomphera à de multiples reprises, et de coups du sort malvenus, comme ce bras cassé qui l’empêche en 2000 de confirmer son alternative alors qu’il était dans une phase de réussite.
Ces années de « vaches maigres », certaines même sans toréer une seule fois, il s’accroche, continue à s’entrainer, n’abandonne rien, se projette toujours dans son avenir de torero, croit en sa chance.
Le moment de grâce
Il a raison. En 2007, à la faveur d’une substitution il est programmé deux fois à la feria de Logroño. Et il gracie triomphalement un Victorino. Molinito sauve sa vie et en offre une nouvelle à Diego. Les portes de Madrid s’ouvrent, suivies de celles de Bilbao et il devient l’un des matadors incontestés de Victorinos.
Aujourd’hui encore, il affirme son amour pour cet élevage et son plaisir toujours renouvelé à affronter cette ganaderia. Il considère d’ailleurs que la fanea réalisée le 26 août dernier à Bilbao face à ce Victorino auquel il coupa une oreille, est l’une des plus importantes de sa carrière.
Mais s’il apprécie très sincèrement l’intelligence des Victorinos et s’il affirme qu’il prendra toujours un immense plaisir à les toréer, Diego Urdiales confie aussi que sa tauromachie s’accorderait aussi avec des Domecq, qu’il aimerait avoir plus souvent l’opportunité de s’exprimer face à des Jandilla, des Pilar, des Domingo Hernandez… Et qu’il comprend parfaitement les figuras qui privilégient la régularité de ces élevages, rappelant au passage qu’à toute les époques, les vedettes ont choisi les toros non pas en fonction de leur dureté mais de leur capacité à transmettre.
Le frère toro
Très disponible et à l’écoute des questions des membres du club et sincère dans ses réponses, Diego Urdiales a raconté son quotidien : les heures de marche pour se maintenir en forme, les étirements et les grands laps de temps qu’il se réserve pour réfléchir et penser. Parce que la tauromachie se construit avant tout dans l’esprit.
Dans cet entrainement, Diego a avoué posséder une arme secrète en la personne de son frère. Un frère qui connait tous les comportements des toros, est capable de simuler chaque caractéristique et chaque variante de tous les élevages : leur charge, leurs coups de tête et même leurs chutes. Grâce à ce « toro » maison Diego, même sans avoir beaucoup toréé, a réussi à avoir une expérience variée et complète.
La conversation s’est poursuivie à bâtons rompus, Araceli Guillaume Alonso jonglant habilement entre le français et l’espagnol pour permettre ce dialogue grâce à une traduction simultanée dans les deux langues, Diego Urdiales livrant ses impressions sur la tauromachie actuelle, sur celle qu’il rêve d’exprimer, insistant en particulier sur la nécessité pour le torero de guider, arrêter et conduire la charge du toro plutôt que de se laisser embarquer par elle dans des passes liées continues. Il a aussi dit son immense admiration pour Jose Tomas, qu’il considère comme l’un des toreros majeurs de l’histoire de la tauromachie, et dont il apprécie l’humanité en dehors de l’arène. Et pour conclure, il a félicité les parisiens qui, loin des arènes, se donnent la peine de se déplacer pour assouvir leur passion. Et malgré cette longue conférence, Diego a ensuite pris le temps de signer des photos qu’il avait apporté et de dire un petit mot à tous ceux qui sont venus l’aborder pendant le dîner qui a suivi.
Torero cérébral comme le club les aime, Diego Urdiales a incontestablement remporté un triomphe à Paris.
Christine Rosas
Pour en savoir plus, le site de Diego Urdiales : http://www.diegourdiales.com/
bonjour,
Je souhaite participer a l’évenement du 26 Novembre,
cordialement,
Yanis EL OMARI
Date: Tue, 20 Nov 2012 16:58:12 +0000
To: yaniselomari@hotmail.fr