Comme chaque année, de nombreux membres du Club se sont retrouvés à Bilbao, pour assister à une semaine de « corridas générales » dont chacun s’accorde à souligner la qualité.
Compte-rendu de la semaine
Le bilan d’ensemble est positif, malgré l’absence en raison de sa grave blessure de Huesca le 10 août de Morante, engagé deux fois. (Il était annoncé le lundi 19/08 devant les Garcigrande et fut remplacé par Talavante et le jeudi 22, où il fut remplacé par Juan del Alamo)
Une seule après-midi fut dépourvue de relief, celle du mardi 20 août, qui voyait la 3ème édition de l’été (Après les mano a mano décevants de Valencia fin juillet et de Huesca début août.) du mano a mano entre « El Juli » et Manzanares, au cours de laquelle les deux complices ne tentèrent pas de rivaliser devant des « El Pilar » décastés. Toutes les autres corridas présentèrent de l’intérêt et onze oreilles furent coupées lors des huit corridas (auxquelles il convient d’ajouter les deux oreilles coupées par un excellent Hermoso de Mendoza, lors de la corrida de rejoneo du samedi 17, où il était opposé à Leonardo Hernandez, par refus de l’être à Diego Ventura).
Quatre matadors ont dominé la semaine : par ordre et d’alternative et d’entrée en scène, Enrique Ponce, « El Juli », Miguel Angel Perera et Ivan Fandiño.
– Le « maestro » valencien signa une superbe faena le lundi 19 devant le 4ème Domingo Hernandez, noble mais attiré par les planches, auquel il ne coupa qu’une seule oreille en raison de l’emplacement de son épée. Puis, le mercredi 21, il prit plaisir à améliorer par touches de temple la charge irrégulière et collante du toro de Alcurrucen lidié en 5ème position.
– Julian Lopez est, une fois encore, sorti par la grande porte de Vista Alegre le lundi 19, après avoir coupé deux oreilles à son 1èr Domingo Hernandez, dénommé « Violín », trophées venant sanctionner une faena complète et un excellent coup d’épée porté dans son style particulier. L’attente était forte le lendemain pour le mano a mano mais ni les toros ni la competencia avec un Manzanares quelque peu absent ne furent au rendez-vous.
– Miguel Angel Perera a toréé six toros (en plus des trois du mano a mano, la blessure de Jiménez Fortes, le 21, le conduisit à tuer trois Alcurrucen). Il s’imposa avec calme et une grande maîtrise technique à deux des exigeants et ingrats Alcurrucen puis, face aux médiocres Fuente Ymbro, il ne manqua pas de couper l’oreille du 5ème, le seul exemplaire permettant le toreo au sein du très décevant lot de Gallardo.
– Ivan Fandiño, enfin, signa le jeudi 22, la faena la plus intense et la plus émouvante de la feria devant le 2ème Jandilla, l’ardent et débordant « Cachero » dans une faena marquante, de deux oreilles (que Matías refusa au nom de « ses critères »). Lors du mano a mano du vendredi 23 avec Perera, il fut mal servi mais fut notable devant son 1er Fuente Ymbro auquel il arracha des passes que le taureau ne voulait pas délivrer.
Les trois matadors qui se sont présentés à Bilbao lors de ce cycle, ont tous coupé une oreille.
– Le sévillan Manuel Escribano, souriant au jeu largo et con uficio, l’obtint au 4ème toro de La Quinta , lors de la corrida du dimanche 18 où, devant des animaux mobiles et nobles mais un peu faibles et humiliant peu. Luis Bolivar (au 2ème) et Ruben Pinar (au 6ème) coupèrent également une oreille, dans le cadre d’une soirée fertile en très bons coups d’épée.
– Le salamantino Juan del Alamo au jeu sobre et classique (venu en remplacement de Morante)[ En raison de ses trois succès à Madrid et notamment celui obtenu le 15 août devant un Montalvo.] la coupa au 3ème exemplaire de Jandilla, un certain « Vinazo » qui se révéla l’exemplaire de plus grande classe du lot notable de Jandilla (qui pour la 2ème année consécutive a reçu ls prix du lot le plus complet de la Junta).
– Le madrilène Alberto Aguilar, qui une fois encore s’est montré un grand torero de petite taille, l’a gagnée en s’imposant à un sobrero mastodonte et couard du Puerto de San Lorenzo dénommé « Ventanero » et affichant 676 kilos.
La dernière oreille des corridas générales revint à Diego Urdiales qui, pour la 6ème année consécutive,[En 2008 face « « Planetario », en 2009 face à «Gargantillo », en 2010 devant le 3ème Victorino de la corrida du mercredi, en 2011 en dominant mais sans couper d’oreille et l’an dernier (2012) face à « Pachuqueño », le 6ème d’un rude encierro.] a triomphé face un Victorino. Dépassant les premiers assauts plus vifs d’un animal de caste, Urdiales a su profiter de la bravoure noble aux charges de plus en plus douces et templadas du 2ème Victorino, un certain « Playito » pour dessiner, de la droite puis de la gauche, des séries d’une pureté et d’une douceur exceptionnelles soulevant des olés profonds. Après quelques fioritures pleines de toreria et alors que l’averse se faisait forte, il porta une pinchazo hondo dont il sortit bousculé. Remis du choc, il porta un coup de grâce définitif.
C’est ce Victorino « Playito » auquel le « Club Cocherito » décerna le prix de toro le plus « bravo » dans un cycle où plusieurs autres toros pouvaient largement entrer en concurrence.[Ce choix souleva des appréciations diverses et l’ancien président du « Cocherito » Leopoldo Sanchez Gil aurait plutôt opté pour le 2ème ou le 3ème Jandilla.] Sur les huit lots combattus, quatre ont donné satisfaction : celui de La Quinta (avec trois bons exemplaires), celui de Garcigrande-Domingo Hernandez (même si leur mobilité fut jugée trop « moderne » par certains critiques),[Andrés Amoros pointant ces toros qui se laisse faire (de dejan) et collaborent. ] celui de Jandilla (le plus complet) et celui de Victorino (superbement présenté et avec trois exemplaires notables). Deux lots furent clairement décevants : El Pilar et Fuente Ymbro, quant aux Alcurrucen et au Lisardo de Adelaida Rodriguez, fort faibles mais allants, ils affichent un bilan très nuancé.
Les déceptions toreras, outre Manzanres dans son unique contrat du mano a mano, furent David Mora, (sin sito, le samedi 24) et « El Cid » (qui avait choisi de combattre les Victorino). Talavante, perdit une oreille à l’épée, le lundi 19 et fit une vuelta, tout comme Antonio Ferrera, après la mort de son 2ème Victorino à l’excellente corne gauche, sans doute maladroitement exploitée. Padilla eut la malchance de toucher les deux Jandilla les plus médiocres et avec Castaño, la cuadrilla brilla davantage que le maestro, sans toutefois signer des moments mémorables.
Au total une semaine de toros importante et riche en enseignements ; Bilbao demeure un rendez-vous majeur même si il faut déplorer les entrées faibles, sans aucun plein (avec les entrées les plus notables le lundi et le traditionnel jeudi).
La vie du club « hors les murs »
En plus des courses, les journées et les soirées sont placées sous le signe du toro : Apartado auxquel certains des membres du club sont fidèles, colloques divers qui permettent à la fois l’analyse de la course de la veille par de grands noms de la presse taurine mais également la rencontre avec les professionnels du monde taurin (maestros, apoderados, éleveurs). Ces colloques sont aussi l’occasion de présentation de livres et ce fut cette année le cas au colloque « en corto y por derecho » qui a accueilli Andrès Amoros et Enrique Ponce, venus présenter le livre qu’ils ont écrit al alimon « Enrique Ponce, un torero para la historia ». Le maestro s’est gentiment plié au jeu des questions puis à une longue séance de dédicaces. Le club Cocherito, quant à lui, a reçu notre ami Francis Wolff pour la présentation de son livre « seis claves del arte de torear » qui vient d’être publié en Espagne aux éditions « Bellaterra ».
Comme chaque année, le dîner du club, organisé au restaurant Indautxu’Ko Batzokia, a réuni une vingtaine de personnes autour de spécialités locales.
Enfin, et pour respecter une tradition, les membres du club encore présents le dimanche (seul jour de pluie) ont bravé les intempéries et se sont retrouvés à la terrasse (heureusement couverte) d’un restaurant populaire pour attribuer les prix de la semaine. Comme toujours ce fut, avant le vote, l’occasion d’échanges animés.
- Toro le plus brave : Cachero de Jandilla, 2ème de la tarde (toréé par Ivan Fandiño)
- Lot le plus complet : Victorino Martin
- Triomphateur de la féria : Enrique Ponce
- Meilleure faena : Ponce au toro Treinta y uno de Domingo Hernandez/Garcigrande, 4ème de la tarde
- Meilleure estocade : El Juli au toro Violin de Garcigrande, 2ème de la tarde
- Meilleure paire de banderilles : Juan Jose Trujillo au toro Avenero de El Pilar, 6ème de la tarde
- Meilleur quite : Miguel Angel Perera au toro Toledano de Fuente Ymbro toréé en 6ème position par Ivan Fandiño
- Meilleur toreo de cape : Alejandro Talavante (division de opinion entre Talavante y Urdiales)
Hasta el año proximo !