Une saison plutôt brillante mais fortement perturbée par des blessures qui ont affecté particulièrement certains des toreros les plus en vue du moment.
Les vainqueurs de la saison:
Malgré une seconde partie de temporada largement gâchée par une lésion au poignet, il est difficile de ne pas citer « MORANTE DE LA PUEBLA » auteur d’un début de saison époustouflant, ou il coupa le premier rabo à Sevilla depuis…1972. Le cigarrero, malgré sa malchance persistante au sorteo a confirmé la sensation de plénitude qu’il dégage depuis au moins 2021.
Andrès ROCA REY reste « la »figure du moment et le seul torero en activité réellement taquillero. Totalement irrésistible en première moitié de saison, ouvrant sa première Porte du Prince à Sevilla et alignant les triomphes dans toutes les catégories de plazas sauf à Madrid, sa temporada subit toutefois un coup de frein causé par son impressionnante voltereta de Santander , suivie dès sa reprise, par une cornada au Puerto de Santa Maria.
Le troisième grand vainqueur est assurément Daniel LUQUE. Auteur peut être de la meilleure faena de la feria d’Avril -avec celle de « Morante »- à un toro de « El Parralejo » triomphant a golpe cantado dans toutes les ferias ou il fut affiché lors de la première moitié de saison -sauf à Madrid, il subit lui aussi un sérieux coup d’arrêt au mois d’août, avec à peine un mois pour triompher encore à plusieurs reprises lors des ferias de septembre, avant de décider de couper sa saison, sa fracture n’étant pas complètement résorbée.
« EL JULI » a donc fait, au bout d’un quart de siècle d’alternative, sa dernière saison. Contrairement à beaucoup de ses confrères il a su se retirer « en plénitude » et a encore donné dans cette dernière saison bien des preuves qu’il n’avait rien perdu de sa maîtrise souveraine, en particulier lors de son solo de Gijon en août. Il a même pu, pour sa dernière corrida à Las Ventas le 30 septembre, ouvrir la Grande Porte .
Sébastien CASTELLA, à l’occasion de son retour, a eu un début de saison plutôt discret mais a radicalement donné « la vuelta a la tortilla » à partir de son triomphe madrilène du 19 mai à un extraordinaire toro de « Jandilla », « Rociero« . La suite de la saison l’a vu presque métamorphosé. Il a donc remporté de nombreux triomphes et a même ouvert sa première Porte du Prince lors de la San Miguel.
Un autre vainqueur de la saison est Miguel Angel PERERA un des grands toreros de notre époque face à un toro exigeant comme l’était « Pintor » 4ème « Fuente Ymbro » de Bilbao, avec lequel il fut magistral.
Plus en retrait:
Apparemment, Alejandro TALAVANTE a plutôt fait une bonne saison, en tout cas supérieure à la précédente. Bien aidé par l’apoderamiento de Simon Casas, il n’en a pas moins été loin du torero à la fois profond et inspiré qu’il était dans ses dernières années précédant sa retirada de 2018. José Maria MANZANARES, dont la saison a encore été interrompue par une opération du dos, donne l’impression d’un torero en complète décadence, plus truqueur que jamais et qui n’a même plus son épée pour assurer le triomphe. Emilio DE JUSTO n’a pas encore rejoint le groupe des figures. On peut se demander si son triomphe madrilène du 11 mai ne lui a pas plus coûté qu’il ne lui a rapporté, car par la suite, le public madrilène le lui fit payer cher. La suite de la saison fut contrastée, semblant s’enfermer dans un concept « classique » dans le mauvais sens, à la limite de la rigidité. Paco URENA est certes maltraité par le « système » mais lorsqu’il en a eu l’occasion, il n’a pas vraiment prouvé qu’il méritait un meilleur sort.
Les aspirants au statut de figure:
Ginés MARIN est dans un grand moment de sa carrière, comme on a pu le vérifier notamment à Sevilla. S’il lui manque toujours cette « fibre » qui lui ferait franchir le palier supplémentaire il est peut être le meilleur estoqueador actuel. Tomas RUFO a commencé très fort sa saison en ouvrant à nouveau la Porte des Princes à Sevilla, mais la suite a été plus contrastée. Il n’en reste pas moins le plus doué des toreros de la nouvelle génération.
Les artistes:
Diego URDIALES, qui ne reçoit pas toujours le traitement qu’il mérite, n’en a pas moins démontré chaque fois qu’il en a eu l’occasion qu’il n’avait rien perdu de ses qualités de toreo classique et caro. Son engagement et sa maîtrise technique sont admirables, et il continue à captiver le public avec sa tauromachie élégante et harmonieuse. Quel que soit son adversaire dans l’arène, Diego URDIALES fait preuve d’une bravoure et d’une détermination inébranlables, offrant ainsi des faenas mémorables. Son style unique et sa passion pour la tauromachie en font l’un des toreros le plus respecté et apprécié de sa génération.
Juan ORTEGA a largement dissipé les doutes sur son potentiel. Capeador exceptionnel, muletero éblouissant lorsque le toro s’y prête, il fera partie des noms à suivre en priorité en 2024. Pablo AGUADO, après un début de saison assez pénible a partiellement redressé la barre par la suite, en démontrant qu’il n’avait rien perdu de son concept sévillan presque intemporel.
Les révélations:
Fernando ADRIAN et Borja JIMENEZ, tous deux toreros d’alternative déjà assez ancienne et révélés par Madrid. Le premier a ouvert deux fois la Grande Porte, sans que cela lui rapporte par la suite les contrats qu’il aurait normalement du obtenir. Pour ce qui est de Borja JIMENEZ plusieurs tardes madrilènes de grand mérite avec un bétail difficile et pour finir une Grande Porte obtenue lors de l’Otono avec trois toros de Victorino Martin devraient le placer parmi les toreros les plus à suivre l’an Prochain.
Les autres:
Domigo LOPEZ CHAVES a fait sa despedida et Antonio FERRERA a été la plupart du temps très en dessous de ses saisons précédentes. Les vrais satisfactions sont venues de Manuel ESCRIBANO ,toujours irréprochable avec les corridas dures, et peut être encore de Fernando ROBLENO, l’un des meilleurs toreros de l’histoire récente face à ces mêmes corridas, seules ses carences à l’épée l’ayant empêché de remporter plusieurs triomphes significatifs. Les jeunes, qu’il s’agisse de « ROMAN » pourtant héroïque à la San Isidro, José GARRIDO , qui ne parvient pas vraiment à remonter le courant malgré quelques éclairs, ou Alvaro LORENZO, toujours desservi par sa froideur et son coté lisse, ne se sont pas particulièrement illustrés. A noter qu’Angel TELLEZ, pourtant remarqué l’an dernier, a pratiquement disparu corps et biens. Noé GOMEZ DEL PILAR a conquis sa place au mérite avec les corridas dures mais ses limites sont apparues plusieurs fois.
Les toreros français, quant à eux, sont de plus en plus nombreux et présents sur le marché, au moins en France. En dehors de Sébastien CASTELLA, le plus en vue a été sans doute Juan LEAL mais son parti-pris d’arrimon systématique l’a desservi sérieusement plusieurs fois. Adrien SALENC dit maintenant ADRIANO, EL RAFI et dans le sud ouest Dorian CANTON commencent à s’affirmer et peuvent faire partie des éléments à suivre l’an prochain.
Texte de Thierry Vignal Président du Club Taurin de Paris
Photos de Jean Yves Bloin et Ferdinand De Marchi membres du Club Taurin de Paris
Merci infiniment pour cet article fantastique. Bien à vous. Gabrielle
Envoyé à partir de Outlook pour Androidhttps://aka.ms/AAb9ysg ________________________________