30 janvier 2012
La corrida, on y va avant tout pour assister à l’affrontement du torero et du taureau.
Mais que serait le toreo sans la fête qui l’entoure, qu’elle se manifeste dans le rite ou dans la communion spirituelle ? Mais que serait à son tour la fête sans les lumières des costumes et les airs des pasodobles ? Au premier accord de musique, le paseo commence et on entre dans un autre monde. Et nombre de grandes faenas s’inscrivent dans la mémoire grâce au rythme qui les a soutenues et à la mélodie qui les a mises en scène.
Chaque arène a sa personnalité musicale, mais une des plus célèbres formations est l’Orchestre montois, qui anime les fêtes de la Madeleine et doit en outre répondre aux sollicitations d’autres grandes arènes françaises (comme Béziers). Le travail de ses musiciens, la qualité de ses interprétations, le choix de ses musiques durant les corridas, sont dues au
talent de son chef, Michel Cloup, qui est aussi compositeur de nombreux pasodobles taurins comme « César Rincón », «Enrique Ponce », « Juan Mora », « Azahar y jazmin », « Tres naturales y un pasodoble », « Domingo en la plaza », etc.
Nous sommes donc heureux d’aborder ce thème inédit et pourtant essentiel de
La musique taurine avec
Michel CLOUP
compositeur, arrangeur et chef de l’Orchestre montois
PS 1 : L’Orchestre montois a enregistré deux CD : « Paseando » et « Pan y toros », que l’on pourra se procurer sur place ou que l’on peut d’ores et déjà télécharger sur itunes.
PS2 : Toujours à propos de musique, la cantaora flamenca Rocio Marquez Limon, qui a déjà chanté pour le CTP, se produit à l’Olympia le 23 janvier, en première partie de la fadista Katia Guerreiro. Suite à un accord avec nos amis de Flamenco en France, les membres du Club taurin de Paris ont droit à un tarif préférentiel. Appeler l’Olympia en précisant ce mot de passe : « flamenco ». Il reste quelques places.
Le compte-rendu de Philippe Paschel
Après un bref historique de la présence du paso-doble dans les arènes par Stéphanie et Thierry, la parole fut donnée à Michel Cloup, actuel directeur de la musique des arènes de Mont-De-Marsan.
L’espace géographique du paso-doble, l’Espagne, est une terre d’aboutissement où sont venus se superposer de nombreux systèmes musicaux : la gamme phrygienne apportée par les phéniciens (Antiquité), le chant mozarabe (711-1492), la musique miliaire des reîtres allemands, avec tambours, cymbales turques et trompettes naturelles (XVIe siècle).
Il ne faut pas oublier les sonneries d’ordonnance utilisées pour les clarines.
L’orchestre d’arène est un orchestre d’harmonie (Bois : clarinettes, flûtes, saxos ; cuivres : trompettes, trombones, saxhorns, tubas ; Percussions).
On dit en espagnol “banda”, qui vient d’un vieux mot français “bande”, qui désignait un orchestre.
Vers 1820-40, l’orchestre rentrait en piste avec les cuadrilles. Puis il fut placé dans les gradins, en face de la présidence.
Pour les musiciens, le paso-doble est un genre mineur, mais, émotionnellement, il ne l’est pas pour les aficionados, à cause des circonstances, l’affrontement d’un homme et d’un taureau.
Quelques grands paso-doble
En 1864, dans la zarzuela “Pan y toros” de Barbieri, oeuvre à caractère taurin et patriotique, un choeur a la forme d’un paso-doble.
López Juarranz écrivit pour l’exposition universelle de 1889 -celle de la Tour Eiffel- un paso-doble intitulé “La Giralda”, musique martiale et pas très andalouse. Le compositeur l’envoya à son confrère Ramon Roig, en prétendant qu’il s’agissait de l’archétype du paso-doble. Roig répondit en écrivant “La gracia de Dios”..
En 1902 parut “Suspiros de España” de Álvarez, écrit, selon la légende, pendant un concert qu’il dirigeait. Le titre fait allusion à une pâtisserie.
Le paso-doble peut-être le plus célèbre “El Gato Montés” (1916) est la seule pièce qui a survécu d’un opéra patriotique, pour ne pas dire nationaliste, de Penella .
Le 28 juillet 1904 à Valence, le maestro Santiago Lope en créa cinq : España Cañi et quatre autres dédiés aux protagonistes de la soirée : El Vito, Gallito, Angelillo et Dauder.
La conférence, qui se déroula dans l’improvisation -malgré les notes de l’orateur-, fut agrémentée de nombreuses anecdotes et digessions. Michel Cloup chanta des paroles de paso-doble, parfois parodiques.
La soirée était parfaite, mais l’heure avançant, il fallut malheureusement s’arrêter pour calmer nos estomacs vides, qui n’avaient pas empêchés que nous fussions tout ouïe.